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    Un signe Ankh provenant de la demeure d'éternité d'Amenhotep II
    En février 1898, Victor Loret poursuit ses fouilles dans la Vallée des Rois. Alors qu'il vient de découvrir la tombe de Touthmosis III, "il s'intéresse à la seconde zone inexplorée de la Vallée. Il pratiqua plusieurs sondages dans la falaise surplombant la tombe n° 12. Sans résultats. Il mit alors ses ouvriers à l'oeuvre au pied du rocher sous l'aplomb de la terrasse. Début mars, il acquis la certitude qu'il approchait du but" (John Romer, "La Vallée des Rois").
    Ses ouvriers découvrent alors dans les déblais un oushebti "au nom d'Aménophis II, le fils de Thoutmosis III dont il venait d'ouvrir la tombe. Dans la mesure où de nombreux objets appartenant à Aménophis II avaient envahi les marchés d'Egypte et d'Europe, il ne pouvait s'attendre à trouver le monument intact".
    Certes la tombe a effectivement été pillée, mais, malgré cela, la découverte dépassera tout ce qu'il pouvait imaginer ! Non seulement il s'agissait bien là de la demeure d'éternité du pharaon, avec sa momie, mais elle s'avérera également receler une "cachette". Dans cette KV 35 - qui sera aussi dénommée la "seconde cachette" afin de la dissocier de la "première", la DB320 - reposaient 17 momies royales ! Elles y avaient été mises à l'abri des violeurs de sépultures lors des temps perturbés qui secouèrent la ville de Thèbes aux environs de 1100 avant JC (XXIe dynastie).
    Ici, se trouvaient rassemblés un aréopage de pharaons parmi lesquels : Touthmosis IV, Amenhotep III, Merenptah, Sety II, Siptah, Ramsès IV, Ramsès V, Ramsès VI, et probablement Setnakht.
    Elle abritait également des momies féminines, dont celle de la "Young Lady (KV35YL) qui est sans doute celle de Nefertiti" (Marc Gabolde) et celle d'une "elder woman" qui "pourrait être la dépouille de la reine Tiyi".
    Le matériel funéraire que livra cette tombe est très important : accessoires, vêtements, aliments, bijoux, maquettes, sculptures, statues, documents écrits, barques, etc, … Le sol de la chambre funéraire "disparaissait sous une épaisse couche d'objets brisés, statuettes funéraires en bois et en albâtre, poteries, vases, guirlandes,… Le récit qu'en fait Gaston Maspero est tout aussi édifiant et confirme les dires : "Le sol était caché par une litière de débris, statuettes en bois du roi et de diverses divinités, d'ouchebtis, de croix ansées, et d'un pilier djed de bois et de faïence bleue, et mille autres objets …"
    Ce sont plus de "deux mille pièces qui furent retirées du monument, quelques-unes étaient fracassées en mille fragments ; de bon nombre d'entre elles, il ne restait que d'infimes parcelles".
    Dans son étude très documentée "Development ot the burial assemblage of the Eighteenth dynasty Royal Tombs", Nozomu Kawai répertorie les amulettes qui accompagnaient le pharaon Amenhotep II : "22 croix ankh en faïence, un sceptre ouas en faïence, 100 symboles en forme de fruits en faïence, 19 têtes de serpent en faïence, 39 croix ankh et 36 piliers Djed en bois. Les objets rituels provenant de la même tombe comprennent 11 bâtons en faïence avec des yeux oudjat, des boomerangs en bois, des 'bâtons de serpent' et des haches en bois appelées nw".
    Cette croix ankh en terre émaillée d'un bleu profond est l'une des plus belles de celles qui se trouvaient dans l'hypogée. Elancée, élégante et fragile, avec une "découpe" très originale dans les "branches", elle mesure 42 cm de haut et sa largeur est de 21 cm.
    Elle est référencée CG 24348 (JE 32491) et, dans le "Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire - Fouilles de la Vallée des Rois (1898-1899)", Georges Daressy la décrit ainsi : "Signe de la vie en terre émaillée bleu, brisé dans l’antiquité en neuf morceaux. Les deux morceaux constituant le manche ont été en contact avec une matière grasse qui les a imbibés et fait paraître l'émail vert. La section des branches est rectangulaire ou carrée. Les deux faces sont ornées de traits qui paraissent plus foncés simplement parce que l'émail est plus épais sur ces lignes gravées sous la couverte. Il y a deux lignes sur le pied et aux extrémités des branches, une seule sur l'anse, et une série de traits verticaux au milieu de la branche transversale. Émail d'une belle couleur, mais mal cuit, présentant des traces d'adhérence, des bulles et des gerçures".
    Présent dès la plus haute antiquité, l'ankh est certainement le signe le plus connu de l'Egypte pharaonique. Il s'agit en fait du signe hiéroglyphique qui signifie la vie, ce qui en fait un "incontournable" de l'iconographie de l'antiquité égyptienne.
    L'ankh est souvent dénommée croix de vie ou encore croix ansée. On la trouve en amulette, mais elle est tout aussi présente sur les murs des tombes, des temples, sur les parois des sarcophages, ou encore dans la statuaire. Dieux et déesses l'ont en main, ou la tendent vers le défunt pour le faire renaître. Dans un article paru dans le BIFAO 11 de 1911, Gustave Jéquier précise : "C'est un attribut divin, un insigne que les dieux et les déesses tiennent toujours dans la main par la boucle. Bien que descendant direct et successeur des dieux, le roi n'est pas encore leur égal tant qu'il règne sur la terre : ainsi il n'a pas droit au port de l'ankh et ne prend cet insigne que dans certaines cérémonies cultuelles où il officie en qualité de dieu".
    Isabelle Franco indique que "Les Textes des Sarcophages rappellent que la vie peut être assimilée à Shou, le souffle vital issu du soleil. Par extension, tous les dieux, en tant qu'instruments de la création, peuvent donner la vie comme Rê".
    Quant à Jean-Pierre Corteggiani, dans son dictionnaire "L'Egypte ancienne et ses dieux", il nous apporte cet éclairage sur ce signe : "La nature exacte du signe-ankh, improprement appelé croix ansée, clé ou croix de vie parce que sa forme de T surmonté d'une boucle a permis aux coptes, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, de le réinterpréter comme une forme égyptienne de la croix du Christ, a suscité de nombreuses hypothèses. Certains ont refusé d'y voir un objet réel, d'autres ont voulu y reconnaître les lanières d'une sandale, la boucle entourant la cheville, d'autres encore l'ont compris comme un étui pénien. L'élément important du signe semble être le noeud central que l'on ne peut ignorer dans les représentations les plus anciennes et qui le rapproche du noeud d'Isis : il s'agit probablement de l'encolure et de l'ouverture frontale d'un vêtement fermé par deux liens noués sur la poitrine".
    Diverses interprétations ont été émises : "le tau mystique représentant la diffusion de l'esprit divin, et d'autres une clé servant à régulariser les inondations du Nil, un vase placé sur un autel, une dégénérescence du globe ailé, un phallus" (Gustave Jéquier), ou bien pour d'autres encore un miroir, une boucle d'une ceinture, …
    L'ankh faisait partie du matériel funéraire : elle accompagnait le défunt, lui apportant sa protection dans l'au-delà, elle devait aussi l'aider à renaître.
    Elle apparaît d'ailleurs souvent accompagnée du sceptre "ouas" et du pilier "djed". Ainsi Christiane Desroches Noblecourt nous précise-t-elle : "Les signes ankh et ouas sont souvent associés. Le pharaon mort, mais qui est candidat à la renaissance, se dirige vers une divinité, la plupart du temps féminine, qui lui fait respirer, au nez, les signes ankh et ouas qui lui donnent la vie, représentant ainsi le lait divin".
    Tout en étant très connu et reconnu, le signe "ankh", nous le voyons, soulève encore bien des questions…
    Laissons à Gustave Jéquier les mots de la conclusion… "Quel pouvait être le sens primitif de cette sorte de talisman? Nous avons vu que, tenu en main par les dieux et les rois divinisés, il symbolise la vie divine, et que d'autre part, si les simples particuliers n'ont pas le droit de le porter, ils le font représenter au milieu de leur mobilier funéraire. Dans les sarcophages, il est peint, en principe, aux pieds du mort, avec l'indication bien nette 'à terre, sous les pieds' ; ailleurs, on trouve l'expression (...) “les ankh des deux terres” comme s'il s'agissait d'un objet en rapport avec le culte des divinités chtoniennes (ou funéraires?), ou plutôt avec la protection de la terre. L'objet aurait donc eu pour but, à l'origine, de protéger les choses, puis les gens, et enfin serait devenu l'emblème de ceux qui jouissent de la protection parfaite, les dieux et, en une certaine mesure, les morts : l'idée unique a dû évoluer à un certain moment dans deux directions différentes, et suivant qu'il s'agissait de la vie supra-terrestre des dieux ou de la survivance des âmes, l'emploi de l'objet lui-même devint absolument différent, les dieux seuls ayant le droit de le tenir à la main. Dans le langage religieux, ces deux sens restèrent toujours bien distincts, tandis que dans le langage courant, la signification du mot ankh se simplifiait considérablement et finissait par s'appliquer à la vie en général, la vie sur terre comme la vie après la mort, et ce sens est peut-être encore celui qui se rapproche le plus de l'idée primordiale du talisman (ankh), qui devait garantir la vie à celui qui l'avait en sa possession".
     

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    Dans cette nouvelle série d’épisodes, le but sera de traiter une grande période de l'histoire égyptienne. Pour ce faire, je me servirais d’études sérieuses publiées par différents auteurs que je citerais dans les vidéos. Dans ce premier épisode, je vais tenter de vous expliquer comment les archéologues, égyptologues et historiens écrivent la chronologie de l’Égypte, quelles sont leurs sources et les outils dont ils disposent pour parvenir à l’origine des premiers hommes qui ont peuplés les bords du Nil. Alexis Seydoux va de nouveau participer, il a effectué pour le besoin des vidéos, une recherche incroyable ou il a compilé et synthétisé de nombreuses études sur le sujet. On va donc commencer par l’histoire de l’Égypte prédynastique, où on passera en revue chaque période, pour remonter chronologiquement jusqu’aux premiers règnes majeurs.

     

     

    https://www.youtube.com/watch?v=8ojH-80s9fw


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    https://www.youtube.com/watch?v=Z688lRoDMhU

    https://www.youtube.com/watch?v=hGwmY6gLs4w

    https://www.youtube.com/watch?v=SZW2BnTobHI


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    https://www.youtube.com/watch?v=p1gK9Wlld7g


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    https://www.youtube.com/watch?v=SHmilskask4


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