• Transylvanie : au pays de Dracula !

     

     

    Le petit village de 5000 habitants est non seulement le plus gros centre touristique de sa région, la Transylvanie, mais aussi de toute la Roumanie. Près de un demi-million de visiteurs s'y rendent chaque année.

    La route, étroite, sinueuse, n'en finit plus de grimper dans les montagnes. Il faut avoir le coeur solide pour supporter l'interminable enchaînement de virages serrés à flanc de falaise.

    Dans l'obscurité, les phares de la voiture éclairent furtivement de modestes fermettes, avant de se perdre dans la forêt transylvanienne. Puis, au détour d'un virage, la silhouette lugubre d'un château se détache dans la brume, perchée sur un rocher de 60 m. Lorsqu'un loup lâche un long hurlement au loin, on pourrait croire qu'il n'existe pas d'endroit plus sinistre.

    L'effet est tellement saisissant que les amateurs de frissons prendront bien soin de ne pas le gâcher en arrivant bêtement à Bran de jour. Ici, c'est de nuit que le voyageur peut s'imprégner pleinement de l'ambiance. Oui, au risque de se répéter: les loups hurlent vraiment à la lune, dans la montagne.

     

    Le petit village de 5000 habitants est non seulement le plus gros centre touristique de sa région, la Transylvanie, mais aussi de toute la Roumanie. Près de un demi-million de visiteurs s'y rendent chaque année. À l'Halloween, les places deviennent rares pour ceux qui veulent assister à la fête haute en couleur organisée sur l'emplacement du château.

    Facile de comprendre pourquoi c'est ici que l'auteur irlandais Bram Stoker a situé l'action de son roman culte Dracula, qui fut pendant longtemps le livre le plus vendu au monde. Stoker n'avait jamais mis les pieds en Roumanie, mais il a fait beaucoup de recherches pour trouver un château approprié à son personnage principal, au tournant du XXe siècle.

    Il s'est inspiré des légendes des vampires et autres variantes de morts-vivants, très ancrées dans les coutumes de la région. Et il a utilisé l'identité d'un vrai héros local: Vlad l'Empaleur, aussi appelé Vlad III Dracula, un noble célèbre pour avoir repoussé l'envahisseur ottoman de façon particulièrement sanguinaire.

    Vlad n'a jamais habité le château de Bran. Mais dans son roman, Stoker imagine qu'il s'y est caché pendant des centaines d'années après sa mort, une fois devenu un vampire.

    Le château de Bran s'est retrouvé lié pour toujours à ce récit. À l'intérieur, l'histoire réelle des lieux, celle du roman et celle du véritable Dracula sont retracées clairement avec des inscriptions en anglais.

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    Dans les dédales du château

    Sur quatre étages, à travers une soixantaine de pièces, les visiteurs peuvent explorer à leur rythme l'impressionnante construction. Le craquement des planchers de bois massif, les vieilles armures et les chandeliers envoûtent le visiteur. Tellement que certains seront incapables de ne pas regarder par-dessus leur épaule, au détour d'un des froids escaliers de pierres, histoire de s'assurer qu'aucun vampire ne suit leurs traces.

    Les passages secrets dissimulés dans les murs, qui permettent de passer discrètement d'une pièce ou d'un étage à l'autre, constituent un des points forts de la visite. Dans le roman, Dracula les utilisait pour s'introduire furtivement chez ses invités et sucer leur sang. Les guides touristiques qui font visiter les lieux aujourd'hui précisent que le tout se faisait "proprement" et "poliment", pendant que les victimes dormaient. Rien à voir avec les films américains où le sang gicle partout.

    Une chambre de torture est accessible aux touristes pour un léger supplément, mais seuls les amateurs d'horreurs sanguinolentes les plus endurcis y trouveront leur compte. Les reliques sont impressionnantes et très bien conservées. Mais l'abondance des instruments imaginés par des esprits tordus et les illustrations des techniques barbares utilisées pour infliger des souffrances au Moyen-Âge risquent de troubler sérieusement les coeurs plus sensibles. Les amateurs du genre semblent malgré tout nombreux à en ressortir ravis.

    Du haut du château, la vue sur le paysage est à couper le souffle: sur les sommets enneigés des Carpates tout autour, sur les paysans qui s'activent dans les champs, sur les coquettes maisons traditionnelles de campagne. Idéal pour saisir d'un coup d'oeil la géographie des lieux et planifier une expédition en forêt, un après-midi de ski ou une excursion à vélo dans les villages avoisinants.

    En quittant le château, il ne reste qu'à flâner dans les nombreuses boutiques de souvenirs et les petits bistrots qui tentent de profiter eux aussi de la mode des vampires. Un petit musée sur la vie des villageois d'antan vaut aussi le détour.

    La campagne des environs a conservé beaucoup de son charme rustique et demeure étonnamment épargnée par le développement massif. Pour l'instant. Car la Fédération des employeurs du tourisme et des services de Roumanie prévoit des investissements majeurs dans le coin. Le but est d'attirer une clientèle plus large que les fanatiques des vampires.

    «La Transylvanie peut finalement devenir une destination touristique de renommée internationale avec des bénéfices immenses non seulement pour le tourisme de la région, mais pour notre économie en général. La marque "Dracula" existe depuis longtemps, nous devons seulement l'exploiter et l'envelopper adéquatement pour la vendre de façon moderne», précise un communiqué récent de l'organisme.

    Amourette canadienne au château

    Dès qu'un Canadien se présente au château de Bran, les guides touristiques s'agitent. Ils adorent raconter l'histoire d'amour qu'y aurait vécue leur ancienne reine Marie (1875-1938) avec un Canadien. Une histoire de romance à l'eau de rose qui peut intéresser ceux qui n'ont que faire du comte Dracula.

    La reine Marie est la plus populaire des souveraines qu'a connues le pays. Elle a habité le château pendant plusieurs années. Des meubles richement ornementés, des instruments de cuisine et des tenues de son époque y sont d'ailleurs exposés aujourd'hui.

    Vers la fin de la Première Guerre mondiale, la souveraine aurait entretenu une relation passionnée avec l'attaché militaire des puissances alliées en Roumanie: un Canadien nommé Joe Boyle, spécialiste des missions clandestines en territoire ennemi.

    Boyle est devenu un héros en Roumanie pour avoir sauvé 50 notables roumains détenus par des révolutionnaires et pour avoir aidé le pays à obtenir un prêt de 25 millions du gouvernement canadien. Il s'était vu attribuer le titre de «Sauveur de la Roumanie».

    Plusieurs spécialistes croient que la reine accueillait son amant au château pour de longs échanges qui n'avaient toutefois rien de très politique. Les passages secrets qui mènent aux chambres auraient prouvé toute leur utilité lors de ces nuits interdites.

     

    À la mort de Boyle, une inconnue en noir venait chaque année au Canada pour fleurir sa tombe. Après la mort de la reine Marie en 1938, la mystérieuse femme n'est plus jamais apparue.Comment s'y rendre?

    > En voiture: Bran est à 160 km de la capitale Bucarest. En voiture, par la route nationale DN1, puis le chemin des montagnes DN73, le trajet prend 2h30 min.

    > En train: La gare la plus proche du château est à Brasov. Trajet de 3h30 min, au coût de 13$, à partir de Bucarest. Ensuite, des autobus partent aux 30 minutes vers Bran.

     


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