Le tatouage berbère est un rite de femme préislamique, le tatouage au henné l’a remplacé avec l’arrivée de cette religion qui l’a interdit le considérant comme un acte de mutilation corporelle. Les femmes berbères considéraient qu’elles représentaient la Terre chez les humains, aussi, tous leurs gestes et pratiques quotidiens (jardinage, cuisine, poterie, grossesse, enfantement etc.) étaient calquées sur les cycles de la Terre et de la Lune. Chaque femme apprenait de sa mère (dont le lien était précieux), qu’elles étaient les représentantes de la Vie et de la Mort sur Terre. La culture berbère est précieuse pour les femmes qui souhaitent révéler leur magie. Les tatouages pouvaient avoir pour fonction de :
- marquer l’appartenance à un groupe social ;
- préserver la femme de la maladie ou du mauvais œil ;
- protéger une zone du corps ;
- attirer la fertilité considérée dans son sens universel (procréation, créativité, abondance..) ;
- sublimer la beauté de la femme.
En Kabylie, le tatouage se pratiquait de façon ritualisée et se faisait au cours de séances collectives. Les tatoueuses scarifiaient la peau au moyen d’une épine de cactus ou de rose en suivant les contours du dessin préalablement tracé à la suie. Le sang était asséché avec un chiffon trempé dans la suie. Les jours suivant la tatouée prenait soin de son tatouage : après l’avoir lavé à l’eau et au savon elle l’enduisait de « tizeggzawt » (mélange de feuilles de fèves, de blé et de morille noire « tucanin » pilés), puis d’indigo pilé et enfin pour le rendre indélébile avec les cendres d’un chiffon bleu trempé dans de l’huile. Bien qu’il existe une base de symboles (le triangle, le losange…), celle-ci était adaptée par chaque femme. Il faut savoir que l’enseignement chez ces femmes était uniquement oral et inspiré de leurs propres perceptions. Aussi, il n’existe pas véritablement de dictionnaire de symbole et le même symbole pouvait donc représenter une chose différente d’une femme à l’autre…. »